Rééducation après prothèse de genou

Lorsque le genou ne remplit plus son rôle d’articulation et que la douleur n’est plus supportée par le patient ou que la vie de tous les jours est profondément affectée, se pose alors l’indication du remplacement de l’articulation par une prothèse.

Chaque année en France, plus de 50 000 prothèses de genou sont mises en place. Cette intervention concerne 12% de la population générale et 35% des plus de 60 ans avec deux fois plus de cas chez les anciens footballeurs.

L’objectif est l’obtention d’un genou stable, sec et mobile avec une reprise des activités quotidiennes et une

disparition des douleurs. Néanmoins, certaines douleurs peuvent persistent après l’intervention.

Il s’agit de l’intervention prothétique la plus fréquente après la prothèse de hanche et contrairement à celle-ci, la rééducation est capitale pour obtenir un genou le plus oublié possible.

En effet, l’adage « lève-toi et marche », conseillé aux patients opérés d’une prothèse de hanche ne suffit pas pour récupérer une prothèse de genou fonctionnelle, souple, avec une bonne force musculaire.

La rééducation est capitale, doit être engagée dès le jour de l’intervention voire même avant (renforcement musculaire des membres inférieurs, renforcement musculaire également des membres supérieurs de façon à pouvoir utiliser les béquilles) et doit être poursuivie durant deux à quatre mois après l’intervention, faisant intervenir les kinésithérapeutes et les médecins rééducateurs mais aussi le patient lui-même qui doit participer pleinement à sa rééducation en effectuant les exercices quotidiens conseillés.

Cette rééducation est différente suivant les patients.
En effet, il n’existe pas deux patients pareils ni même deux prothèses pareilles. Chaque genou est différent. Chaque prothèse est différente, qu’elle soit partielle ou totale, et la rééducation n’est pas la même.

De façon générale elle sera plus facile en cas de prothèse partielle, plus fastidieuse en cas de prothèse totale voire de reprise chirurgicale.

Il ne s’agit pas du seul critère. L’état antérieur du patient importe, de même que sa motivation.

L’intervention en elle-même dure une à trois et la rééducation peut être débutée dès la salle de réveil avec des contractions isométriques de la cuisse, surtout avec les méthodes d’anesthésie modernes (bloc uniquement sensitif) qui empêche la sensation douloureuse mais ne paralyse pas le membre inférieur ni le quadriceps.

Ces premiers exercices seront poursuivis dès le retour en chambre et parfois même le premier lever peut être effectué le jour de l’intervention.

Les premiers jours après l’intervention, l’équipe médicale (kinésithérapeutes, aides-soignantes et infirmières) a pour objectif de vous faire retrouver votre autonomie.

Cela débute par des objectifs simples et clairs : mobiliser son genou de façon répétitive, se lever, faire sa toilette, marcher avec l’aide de cannes anglaises, s’assoir.

Une fois le séjour hospitalier terminé (entre 3 et 7 jours), la rééducation peut se faire en centre de rééducation fonctionnelle ou en ville avec des kinésithérapeutes si les transports sont facilités.

Cette période postopératoire est fondamentale et vous permettra de récupérer des amplitudes articulaires correctes, un genou le plus indolore possible et une bonne force musculaire.

Elle doit être entreprise de façon immédiate, quotidienne et doit être poursuivie durant de nombreuses semaines, même lorsque la déambulation est acquise. Il convient de glacer le genou deux à trois fois par jour pendant un mois. L’objectif recherché est une flexion aux alentours de 100° et surtout une extension complète un mois après l’intervention chirurgicale. Il faut faire un travail continu et patient mais non agressif, sans utiliser ni poids, ni poulie qui risqueraient de faire gonfler le genou.

La marche doit être modérée en fonction du volume de votre genou, sous couvert des cannes/béquilles car dans les 15 premiers jours il existe un risque de sidération du quadriceps et de chute par déverrouillage quadricipital.

Le risque de la prothèse totale de genou n’est pas une luxation comme pour la prothèse totale de hanche mais une perte des mobilités présentes au décours immédiat de l’intervention chirurgicale.

Le kinésithérapeute a alors un rôle de coach, vous stimulant en vous faisant pratiquer les exercices recommandés régulièrement, même en son absence.
Ultérieurement il faut compter un à deux mois avant de retrouver une autonomie complète.

Si vous êtes en activité professionnelle, votre chirurgien vous prescrira un arrêt de travail (un à deux mois minimum).

Il existe quelques mouvements interdits :

  • Il est interdit de vous accroupir.
  • Il est interdit de vous baisser en avant. Il faut privilégier les douches aux baignoires ou utiliser une planche de – transfert.
  • Il faut éviter les charges lourdes pour ne pas surcharger les articulations.
  • Il faut éviter les talons hauts. Les semelles antidérapantes sont préférables.
  • Faites soigner rapidement tout foyer infectieux.
  • Ne faites pas d’injection intramusculaire du côté de la prothèse.
  • Il faut surveiller votre poids. Une prise de poids est à éviter.

Les fumeurs doivent s’abstenir de fumer au moins quatre semaines avant l’intervention de façon à nettoyer leurs poumons, réduire les risques d’infection pulmonaire pouvant survenir à la suite de l’intervention et surtout améliorer la cicatrisation (le tabac bloque les capillaires). Votre traitement anticoagulant sera poursuivi pendant une durée totale de quarante-cinq jours et devra être surveillé par votre médecin traitant lors de votre retour à domicile.  Le port de bas de contention est vivement recommandé tant que vous aurez de l’œdème et que vous n’aurez pas repris une activité physique normale.

La reprise des activités sportives sera adaptée au cas par cas. Après la pose de la prothèse il est recommandé d’attendre trois à six mois avant de reprendre la pratique sportive même si la marche est particulièrement recommandée dès les semaines qui suivent.

Les sports pouvant être pratiqués sans restriction particulière seront les premiers à être repris mais tous les sports qui sollicitent violemment l’articulation avec notamment des forces de torsion sont à priori déconseillés et doivent être rangés dans la boîte à souvenirs.

La pratique régulière d’un sport doux permet de diminuer les douleurs de 30 à 10% au cours des deux dernières années qui suivent la chirurgie : aquagym, marche, gymnastique d’entretien, pilate, musculation, cyclisme.

Globalement, les sports traumatisants, notamment ceux en équipe (football, rugby, handball), sont déconseillés après une prothèse de genou.

Même la course à pied est à éviter car c’est un sport traumatisant avec des impacts répétés sur le sol. Les coureurs ou les triathlètes auront donc tout intérêt à réduire voire s’abstenir de la course à pied pour préférer la natation et le vélo.

Le but est d’éviter la survenue d’une complication comme le descellement de la prothèse, la fracture d’une de ses pièces ou une usure trop rapide du polyéthylène. Les sports pouvant être pratiqués sans restriction particulière seront les premiers à être repris mais tous les sports qui sollicitent violemment l’articulation avec notamment des forces de torsion sont à priori déconseillés et doivent être rangés dans la boîte à souvenirs.

Les autres sports potentiellement dangereux (ski, tennis, golf, etc…) peuvent être autorisés si le patient les pratiquait depuis longtemps. Le but est d’éviter la survenue d’une complication comme le descellement de la prothèse, la fracture d’une de ses pièces ou une usure trop rapide du polyéthylène.

On retrouve néanmoins les meilleurs résultats après prothèse de genou chez les sujets qui étaient les plus actifs et sportifs avant et ce quel que soit l’âge.

Votre chirurgien vous conseillera ou vous déconseillera la pratique du sport en question en fonction de votre cas particulier, de la prothèse utilisée, de la technique de pose et de vos capacités physiques, sportives et cognitives avant l’intervention.

Ultérieurement, votre prothèse doit être régulièrement surveillée par votre chirurgien en moyenne deux à trois fois durant les six premiers mois après votre sortie puis une fois durant les six mois suivants puis tous les ans.

Ces consultations sont indispensables et s’accompagnent d’examens radiologiques.

Nouveauté 2020 : cette rééducation peut être suivie de façon connectée grâce à une montre intelligente, une tablette numérique et une solution digitale (le Dr Rouxel utilise la solution Move up)

Questions diverses :

Comment gérer le quotidien immédiat ?

Comment se tenir dans le lit :

  • Allongez-vous la jambe opérée dans l’axe
  • Placez un coussin entre vos jambes
  • Ne laissez pas votre pied aller vers l’extérieur

Comment se tourner sur le côté :

  • Mettre un coussin entre vos jambes
  • Toujours replier les jambes sur soi avant de se mettre sur le côté.

Pressez l’oreiller et roulez sur le côté en tournant d’un bloc

(Épaules et bassin).

Comment sortir du lit :

  • Le lever se fait du côté de la jambe opérée.
  • Jambes étendues et parallèles, pivotez bien à plat (en forçant sur les abdominaux) et asseyez-vous sur le bord du lit.
  • Vous pouvez vous aider en plaçant votre pied de la jambe non opérée sous la cheville de la jambe opérée pour ensuite pivoter.

Comment se coucher :

  • Même principe que pour se lever. S’asseoir au bord du lit côté jambe opérée, le plus près des oreillers, et pivoter jambes parallèles en s’appuyant sur le bras (ou en s’aidant de la jambe non-opérée) vers le centre du lit.

Comment vous asseoir :

  • Prendre une chaise avec des accoudoirs
  • Jambe opérée étendue vers l’avant, penchez-vous en avant et prenez les accoudoirs.
  • Contrôlez votre descente sans vous laissez tomber.
  • Éventuellement, ajoutez un rehausseur sur vos WC, et éventuellement une barre d’appui.

Comment faire sa toilette

  • Pour la toilette des pieds, une brosse à long manche est moins dangereuse.

Comment s’habiller :

  • Utiliser de longues pinces pour enfiler des chaussettes (ou des enfile-bas).
  • Utiliser un chausse pied à long manche.
  • Habillez-vous la jambe opérée la première, ·pour vous déshabillez, faites l’inverse.

Comment ramasser un objet :

  • Si vous voulez ramasser quelque chose au sol, prenez appui sur un objet stable et mettre la jambe du côté opéré légèrement en arrière, pointe de pied en dedans et fléchir les deux genoux. Ne pas ramasser d’objet au sol en position assise.

Comment monter dans une voiture :

  • Asseyez-vous de côté en prenant appui d’une main sur le tableau de bord et de l’autre sur le dossier du siège. Faites pivoter ensemble les jambes et le tronc vers l’intérieur.

Comment descendre de voiture :

  • Reculez le siège, faites pivoter ensemble les jambes et le tronc vers l’extérieur, levez-vous en prenant appui sur le tableau de bord et le siège.

Comment se déplacer avec des béquilles :

  • Avancez les béquilles (pas trop loin)
  • Avancez la jambe opérée à hauteur des béquilles
  • Avancez la jambe non-opérée à la même hauteur

Avec l’accord du kinésithérapeute, avancez la jambe non-opérée plus loin pour avoir une marche normale

Après plusieurs jours, lorsque vous serez à l’aise, vous pourrez marcher avec une seule béquille.

Pour cela, il faut tenir la béquille du côté de la jambe opérée et l’avancer en même temps que la jambe opérée.

(Attention, la béquille ne sert pas d’appui mais d’accompagnement). Enfin, après 3 à 4 semaines, dès que vous vous sentez suffisamment à l’aise, vous pourrez marcher sans béquille.

Comment éviter le risque infectieux ?

Une prothèse a été implantée. Il s’agit d’un corps étranger. Une contamination peut subvenir par l’extérieur à travers la cicatrice qui reste fraîche.

Dans ces conditions, certaines précautions sont à prendre :

– Éviter de toucher au pansement,

– Ne pas toucher la cicatrice,

– Veiller à une hygiène quotidienne rigoureuse,

– Se laver les mains après chaque repas et après être allé aux toilettes,

– Changer de vêtements régulièrement,

– Ne pas entreprendre de travaux salissants durant un mois (jardinage, bricolage, travaux ménagers…).

Quels signes doivent m’inquiéter ?

– Une température à 38° plusieurs jours de suite (durant les 15 premiers jours, une température a 37,5/38° correspond à la résorption des hématomes et est tout à fait normale),

– Un gonflement et/ou rougeur de la cicatrice qui devient douloureuse,

– Une douleur au mollet (suspicion de phlébite),

– Une oppression respiratoire (suspicion embolie pulmonaire),

– De façon générale, tout symptôme nouveau.

Ne pas attendre et contactez votre chirurgien.

J’ai été opéré d’une prothèse totale de genou et j’ai du mal à monter les marches, est-ce normal ?

Oui car la flexion du genou est sous la dépendance du muscle quadriceps qui a été affaibli durant la maladie et qui a été écarté durant l’intervention chirurgicale. Il peut donc être sidéré quelques semaines et ne retrouvera sa force que progressivement au fil du temps. Par ailleurs la rotule intervient et doit trouver son fonctionnement : on parle souvent de « baromètre » du genou prothésé…

Monter les escaliers :

  • Montez la jambe non-opérée sur la première marche
  • Avancez la béquille
  • Montez la jambe opérée sur la même marche

Descendre les escaliers :

  • Placez la béquille sur la marche du dessous
  • Avancez la jambe opérée
  • Descendre la jambe non-opérée sur la même marche

Comment gérer le quotidien immédiat ?

Mon genou est gonflé, est-ce normal ?

Oui car l’articulation du genou est superficielle et va être sollicitée lors de la rééducation.

Il existe donc une inflammation tenace qui va disparaître en 3 à 6 mois.

De même, la sensibilité de la peau de la surface antérieure du genou peut rester différente durant cette période.

Puis-je voyager ?

Oui, hors cas particulier.

Il est quand même judicieux d’attendre la fin du premier mois et le premier contrôle avec votre chirurgien.

De façon générale, il fait éviter les longs trajets compte tenu du risque de phlébite les deux premiers mois.

En voiture, il est préférable d’être passager sur le siège avant droit, reculé au maximum.

En avion, il est judicieux de se dégourdir les jambes toutes les deux heures et de porter les bas de contentions durant 45 jours.

A noter que la reprise de la conduite automobile ne sera possible qu’au bout du 45e jour (risque de problème d’assurance en cas d’accident).

 

Pour en savoir plus :

http://www.sofcot.fr/Infos-Patients/Toutes-les-actualites-grand-public/Hanche-genou-epaule-12-questions-reponses-sur-les-protheses-articulaires

https://www.docdusport.com/comment-reprendre-le-golf-apres-une-prothese-totale-du-genou

https://www.francetvinfo.fr/sante/sport-et-sante/quel-sport-pratiquer-avec-une-prothese-de-genou_3488051.html

Poser une question au Docteur Yves Rouxel

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